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MUIR Edwin

Edwin MUIR
poète, romancier et traducteur écossais
Deerness (Écosse) 15 mai 1887
Swaffham Prior (Angleterre) 3 janvier 1959
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The Cloud

One late spring in Bohemia,
Driving to the Writer’s House, we lost our way
In a maze of little winding roads that led
To nothing but themselves,
Weaving a rustic web for thoughtless travelers.
No house was near, nor sign or sound of life,
Only a chequer-board of little fields,
Crumpled and dry, neat squares of powdered dust.
At a sudden turn we saw
A young man harrowing, hidden in dust ; he seemed
A prisoner walking in a moving cloud
Made by himself for his own purposes ;
And there he grew and was as if exalted
To more than man, yet not, not glorified :
A pillar of dust moving in dust ; no more.
The bushes by the roadside were encrusted
With a hard sheath of dust.
We looked and wondered ; the dry cloud moved on
With its interior image.

Presently we found
A road that brought us to the Writer’s House,
And there a preacher from Urania
(Sad land where hope each day is killed by hope)
Praised the good dust, man’s ultimate salvation,
And cried that God was dead. As we drove back
Late to the city, still our minds were teased
By the brown barren fields, the harrowing,
The figure walking in its cloud, the message
From Urania. This was before the change ;
And in our memory cloud and message fused,
Image and thought condensed to a giant form
That walked the earth clothed in its earthly cloud,
Dust made sublime in dust. And yet it seemed unreal
And lonely as things not in their proper place.
And thinking of the man
Hid in his cloud we longed for light to break
And show that his face was the face once broken in Eden
Beloved, worth-without-end lamented face ;
And not a blindfold mask on a pillar of dust.

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Le Nuage

Un soir de fin de printemps en Bohême,
En route vers la Maison des Ecrivains, nous nous égarâmes
Dans un dédale de petites routes sinueuses
Qui ne menaient nulle part qu'à elles-mêmes,
Tissant une toile rustique pour voyageurs distraits.
Pas une maison alentour, pas un bruit ou signe de vie,
Seulement un damier de lopins de terre
Secs, étriqués, carrés bien nets de poussière poudreuse.
A un brusque tournant nous aperçûmes
Un jeune qui hersait, perdu dans la poussière ; on eût dit
Un prisonnier se déplaçant dans un nuage en mouvement
Que lui-même eût créé pour ses propres usages ;
Et là, il grandissait, comme s'il atteignait
Plus que stature d'homme, et pourtant loin d'être glorifié :
Colonne de poussière se déplaçant dans la poussière, rien de plus.
Les buissons du bord de route étaient gainés
D'une épaisse croûte de poussière.
Nous le regardions, ébahis ; le nuage sec se déplaçait
Avec son image intérieure.

Nous trouvâmes bientôt
Une route menant à la Maison des Ecrivains,
Et là, un prédicateur d'Uranie
(Triste terre où l'espoir est tué chaque jour par l'espoir)
Fit l'éloge de la bonne poussière, ultime salut de l'homme,
S'écriant que Dieu était mort. En revenant
Tard à la ville, nous avions toujours l'esprit hanté
Par les champs bruns, stériles, le hersage,
La silhouette qui marchait dans son nuage, le message
De la lointaine Uranie. C'était avant le changement ;
Et dans le souvenir, nuage et message fusionnèrent,
Image et pensée condensées en une forme géante
Qui foulait la terre, vêtue de sa nuée de terre,
Poussière sublimée en poussière. Elle semblait pourtant
Irréelle et à part comme une chose déplacée.
Et repensant à l'homme
Perdu dans son nuage, nous faisions vœu que la lumière fasse irruption,
Dévoilant en lui le visage jadis brisé en Eden,
Visage bien-aimé, objet de lamentation éternelle,
Et non ce masque aux yeux bandés sur sa colonne de poussière.



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