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Mosquée des nuages
Mesdjid-el-Guemam

 

Arabie saoudite

 

"Bedre-Hanîn, à quatorze heures de Djédidè, est un village abondamment pourvu d'eaux courantes, de jardins et de palmiers ; on l’appelle aussi Bedre-el-Ketal (Bedre du combat), Bedre-el-Oula (la première), Bedre-el-Taniè (la seconde), et Bedre-el-Tèlatè (la troisième) ; le nom de cet endroit lui vient d'une personne appelée Bedre, qui y creusa un puits : une fontaine existe en face de ce dernier. C'est ici que les caravanes des pèlerins de Syrie et d'Egypte se rencontrent : ce lieu, par le souvenir qu'il rappelle, mérite d'être parcouru avec une attention particulière. La source qui est ici est celle dans laquelle Aly, le jour du combat, lava sa chemise ensanglantée ; on rapporte que ce compagnon de Mahomet ayant présenté et versé de l'eau de cette source sur les mains du prophète, il jaillit de ses doigts sacrés autant de filets d'eau douce, dont l'armée fut abreuvée. C'est dans l'endroit appelé Galib (le victorieux) qu'eut lieu le combat de l'Islamisme : cet emplacement est maintenant une plantation de palmiers dans laquelle se trouvent deux étangs et une colline de sable de la plus grande blancheur. Il y a sur cet emplacement et au milieu des palmiers, une mosquée appelée Mesdjid-el-Guemam (la mosquée des nuages) : comme il y avait une chaire, on y disait autrefois la prière du vendredi. C'est dans ce même lieu que notre seigneur le prophète venait , à l'ombre des nuages, respirer le frais."

in Itinéraire de Constantinople à la Mecque
 extrait de l’ouvrage turc intitulé : "Kitab menassik el-Hadj"
(Livre des prières et des cérémonies relatives au pèlerinage)
de El-Hadj Mehemmed Edib ben Mehemmed, derviche
imprimé en 1232 (1816-1817)
traduit par M. BIANCHI in "Recueil de voyages et de mémoires"
publié par la Société de géographie, Tome deuxième
Imprimerie d’ÉVERAT, 16 rue du cadran – PARIS
MDCCCXXV (1825)

 

"AVANT-PROPOS

  L'itinéraire suivant a été traduit et extrait d'un ouvrage turc intitulé : Kitab menassik el-Hadj, ou livre des prières et des pratiques religieuses qui s'observent durant le pèlerinage de la Mecque. Ce traité, composé, en l'année de l'hégire 1093 (1682), par un pélerin musulman nommé Mehemmed Edib ben Mehemmed derviche, a été imprimé par ordre du gouvernement Ottoman, en 1232 (1816-17). Mouradja d'Ohsson nous apprend qu'antérieurement à cette époque, il s'en débitait plusieurs milliers d'exemplaires, tant à Constantinople que dans les provinces de l'empire ; mais ce qu'il ne dit pas, c'est qu'indépendamment des prières prescrites pour les différentes stations, soit à la kaaba, soit dans les environs du temple, l'ouvrage de Mehemmed Edib renferme une description historique et géographique de tous les lieux situés sur la route que parcourt la caravane, depuis Constantinople jusqu'à la Mecque. Cette route traverse en partie l'Anatolie et la Caramanie, toute la Syrie, en suivant la rive droite de l'Oronte , l'Arabie-Pétrée, et le Hedjaz ou l'Arabie-Déserte.

  Notre auteur, pour ce qui concerne la direction des chaînes de montagnes et le cours des fleuves et des rivières, n'est pas toujours d'accord avec les géographes connus ; ce qu'il dit à cet égard se ressent trop souvent des idées superstitieuses des Musulmans et de leur peu de connaissances actuelles de l'histoire et de la géographie. Cependant les distances ont été généralement indiquées avec soin. L'auteur entre dans des détails assez étendus sur un grand nombre de désignations peu connues, et de villes même qu'on chercherait en vain dans nos dictionnaires géographiques les plus complets ; il indique souvent la nature du sol et du climat ; fait connaître les produits naturels et industriels, le nombre des édifices modernes et d'utilité publique, ainsi que le nom de leurs fondateurs et l'époque de leur construction, les eaux thermales et leurs propriétés curatives, les passages dangereux ; les abîmes, le cours des torrents, la nature des chemins, les curiosités locales et d'autres renseignements encore, que l'on n'obtient jamais exactement que des écrivains du pays même. Nous regrettons que l'auteur n'ait pas indiqué plus souvent l'orientation ; c'est là une des lacunes les plus graves de cet Itinéraire.

  M. Barbié du Bocage, dont la science et la Société de Géographie déplorent la perte récente, a enrichi cette traduction de notes savantes propres à faire connaître le rapport des désignations modernes avec les noms de la géographie ancienne. Ce travail, interrompu par la mort de M. Barbié du Bocage, a été continué par M. Jomard. Nous avons nous-mêmes cru devoir ajouter quelques notes explicatives des termes orientaux peu connus de la généralité des lecteurs, ainsi que des éclaircissements que l'obscurité du texte turc rendait indispensables. Nous ne nous sommes fait aucun système particulier pour la transcription en caractères Européens des noms Arabes, Persans et Turcs ; l'orthographe que nous avons cru devoir préférer à cet égard, a été, autant que possible, celle de Mouradja d'Ohsson. Quant aux noms des différentes désignations géographiques, nous les avons également exprimés avec les caractères de la langue originale. Quelque fois le texte nous a laissé des doutes sur le sens précis de certains passages ; dans ce cas, nous avons prévenu, par des notes particulières, que la traduction que nous en donnions était plus ou moins hasardée.

  N'ayant pris, du livre de Mehemmed-Edib, que la partie purement géographique et descriptive, nous prévenons les lecteurs que ce travail doit être moins considéré comme une traduction littérale que comme un simple extrait de l'ouvrage auquel il appartient.

  Lorsqu'il s'agit de contrées où les voyageurs Européens ignorent le plus souvent la langue du pays qu'ils parcourent, et où le fanatisme et la cupidité opposent des obstacles presque toujours insurmontables à leurs savantes explorations, on peut penser que les relations des écrivains du pays, toutes imparfaites qu'elles sont, peuvent encore fournir à la science des données aussi utiles que nouvelles. C'est en considérant ce document inédit, sous ce point de vue, que la Société de Géographie a pensé qu'il était de nature à faire partie du Recueil de ses Mémoires.

BlANCHI"

 

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