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Nuages sur la ville
autre titre : Nuages sur la ville pendant la nuit

réalisation : Simon GALIERO
assistante réalisation : Maude Levasseur
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2009
fiction canadienne
long métrage noir et blanc
durée : 88 minutes
format : 35mm

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production : Possibles Médias
producteur : Serge Noël
producteur associé : Simon Galiero
distribution : Métropole Films Distribution
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musique : Robert Marcel Lepage
décors et accessoires : Pascale Reny
scripte : Maude Levasseur
direction photo : Nicolas Canniccioni
prise de son : Simon Gervais
montage :
Simon Galiero
assistant montage : Juan Cantero
conception/montage sonore : Olivier Calvert
mixage : Louis Hone
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acteurs/actrices                                             rôles
Alex Bisping                                               Janusz
Marcel Couture                                            Marcel
Frédéric Côté                                              Martin
Jean Pierre Lefebvre                                Jean-Paul
Robert Morin                                               Michel
Julie Ménard                                                  Julie
Robert Reynaert                                        Jacques
Marcel Sabourin                                        Maurice
Téo Spychalski                                             Jacek

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* grand prix FOCUS
meilleur film canadien - Festival du nouveau cinéma 2009

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"Malgré le fait qu'on s'apprête à lui rendre un hommage modeste, Jean-Paul, écrivain en perte d'inspiration et fonctionnaire, a plus que jamais le sentiment d'être tombé dans l'oubli et d'être dépassé par son époque. Autour de lui gravitent sa fille Julie, son petit-fils Martin, ses clients Marcel et Michel, son éditeur Maurice ainsi que Jacek, un vieil ami venu de Pologne en compagnie de son neveu Janusz. Derrière cette évocation caustique des obsessions médiatiques des années 2000, se met aussi en place une allégorie empreinte d'ironie sur les dangers qui peuvent guetter l'artiste contemporain : précarité du statut social, perte de sens et cynisme."

in Dossier de presse

"Nuages sur la ville se résume en une chronique douce-amère sur le quotidien d’un écrivain has been ainsi que celui de son entourage familial et professionnel. Un film sur la difficulté de transmission et de communication entre générations, dans lequel les vieux et les plus jeunes s’opposent ou se rapprochent selon le mouvement du balancier. À partir de cette base simple, il se construit progressivement un portrait du monde contemporain à travers les mésaventures de chacun des personnages. Déplacés de lieux en lieux (que ce soit en ville, en campagne ou en banlieue) pour des raisons diverses (tourisme, déménagement, précarité financière), ils deviennent ainsi peu à peu les témoins des particularités de notre époque; qu’elles soient sociales, économiques, relationnelles, environnementales, alimentaires, culturelles, technologiques ou médiatiques. Agissant directement sur la destinée de tel ou tel protagoniste, apparaissant subtilement comme toile de fond sonore et visuelle ou abordées frontalement dans certains dialogues, ces particularités propres à notre décennie s’entremêlent sous divers aspects pour créer un ciment qui lie l’ensemble des personnages à une quête de sens plus globale. Une quête qui est par ailleurs reflétée concrètement dans le récit puisque les personnages principaux se perdent littéralement : que ce soit un chômeur venu de la région qui peine à maîtriser les horaires d’autobus de la ville, un adolescent qui ne retrouve plus la maison de sa première amoureuse dans une zone de développement aux façades identiques, ou encore un vieux polonais qui s’égare en forêt avec son neveu après avoir refusé à celui-ci d’y apporter un GPS qui les aurait peut-être sortis du pétrin.
En mettant en place ce dispositif à partir du récit classique d’un homme qui cherche à trouver un sens à son existence au crépuscule de sa vie, les deux sentiments que je désirais faire ressortir de l’ensemble du film sont l’inquiétude et l’ironie. Inquiétude par rapport aux enjeux du monde réel mentionnés plus haut et bien présents dans chaque scène du film, et ironie dans la façon dont ils sont évoqués. L’univers que j’ai voulu créer autour de ces enjeux est un univers où la tragédie des personnages est bien réelle mais toujours atténuée par des incongruités ou des absurdités qu’ils subissent le plus souvent sans même en avoir conscience. La plupart d’entre eux sont d’ailleurs maladroits ou même carrément dépassés, murés dans des frustrations ou des désarrois qu’ils sont incapables d’exprimer. À la fois victimes et bourreaux, ils subissent un sort dont ils ne sont jamais complètement responsables mais auquel ils ne sont jamais non plus complètement étrangers. Ce qui par ailleurs les rend plutôt sympathiques, pris au dépourvu et condamnés à barboter dans un monde trop complexe… À l’image du personnage de Jean-Paul qui tente d’apprivoiser avec un certain ridicule le fonctionnement d’un jeu virtuel d’une console Wii (un jeu qui consiste à lancer des vaches par la queue le plus loin possible). Un monde dans lequel on analyse en boucle à la radio les effets de la fonte des glaces, de la listériose ou de la « vache folle » au moment même où on se fait cuire un steak…
Un élément qui revient un peu partout dans le film est d’ailleurs la présence d’animaux de toutes sortes, destinée à créer une certaine correspondance avec l’état d’esprit des personnages (qu’ils soient en liberté ou prisonniers de leurs barreaux) et les caractéristiques médiatiques qui surgissent en toile de fond (les enjeux environnementaux et alimentaires). C’est donc un peu « sous leur regard » que les personnages évoluent : observés ici par un singe, là par une grenouille, ou encore par toute une tribu empaillée qui repose sur les escaliers de maisons de banlieue.
Finalement, on peut noter que le film constitue aussi une autodérision au deuxième degré sur le métier d’artiste et de cinéaste. En choisissant trois metteurs en scène pour interpréter les trois personnages principaux, je désirais porter un regard caustique sur moi-même et sur ce métier. Le choix de Jean Pierre Lefebvre, Robert Morin et Teo Spychalski, respectivement cinéaste, vidéaste et metteur en scène de théâtre, s’inscrit directement dans cette idée. Un écrivain has been en panne d’inspiration et reconverti en fonctionnaire municipal, un chômeur désabusé qui termine son aventure dans un zoo, un enseignant cynique aux prises avec le décalage culturel des nouvelles générations… Des préoccupations courantes de ce métier qui sont ici mises côte à côte : faire une oeuvre durable, survivre économiquement, ne pas tomber dans le cynisme. Des préoccupations à prendre au sérieux mais sans jamais oublier qu’elles peuvent aussi être une raison de rire de soi."

 Simon Galiero

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